Lettre P
1. Parentalité (projet de)
On ne cherche plus à faire des enfants, ou à devenir parents, ou à désirer une descendance. On a un « projet de parentalité ». Selon Wikipédia, « La parentalité :
Commence avec le désir d’enfant et se cristallise avec la parentalisation que l’enfant fait de ses parents ;
Suppose qu’on puisse se reconnaître comme enfant de ses parents et que l’on accepte ce qu’on a reçu d’eux ;
Constitue un processus psychique avec deux pôles, à un extrême se trouve la parentalité, le fait de se reconnaître comme mère ou père de son enfant, et de l’autre la filiation, le fait de se reconnaître comme enfant de ses parents et adhérer à la culture familiale. »
Ceux qui n’ont pas ce « projet » doivent faire des enfants sans savoir pourquoi. Ceux qui ont ce « projet » ont sans doute également des « projets » de vacances, d’achat de voiture, de formation professionnelle, voire des « projets de vie ». Mais pourquoi de « parentalité » ? Parce la « parenté » ne serait « que » biologique, sans prendre en compte les processus psychiques à l’œuvre quand vient au monde un enfant ? Que va devenir « l’autorité parentale » ? Une « autorité de parentalité » ? Pourtant dans le monde archaïque, tout le monde comprenait qu’être parents est à la fois une responsabilité juridique, une exigence morale, une situation économique et un mode de lien à autrui. Tout ceci ne faisait pas l’objet de « projets ».
On peut espérer que des futurs parents n'aient pas de « projet de parentalité », car celui-ci suppose un renforcement des normes sociales, qui existent de tout manière, puisque la naissance d'un enfant (sans parler de sa vie intra-utérine) est son arrivée (si l'on peut dire) dans un monde institué dont il est nécessairement l'héritier. Bref, la parentalité n'est pas un projet mais un ensemble de règles et modes de vie. Mais ça fait plus maîtrisé, plus conscient, plus volontaire... de parler de « parentalité » à tort et à travers.
2. Pâte à tarte (ultra-transformée).
La pâte à tarte archaïque comprend : 250 gr de farine blanche, 125 gr de beurre, une pincée de sel, éventuellement un peu d’eau ou un œuf. C’est tout ? C’est tout. La pâte à tarte brisée Trésor de grand-mère, de la marque Herta (fondée en 1897 elle appartient au groupe Nestlé) est bien plus savoureuse. Elle contient des huiles de palme, de colza et de tournesol (chauffées à 80° C, avec 0,1% à 0,3% d’acide phosphorique), avec neutralisation alcaline (addition de soude, séparation par centrifugation, lavages à l’eau, re-séparation), décoloration (par agent d’absorption, comme la silice), désodorisation (injection de vapeur d’eau dans l’huile chauffée à 180° C au moins). « Soyons honnêtes : pour faire cette pâte à tarte, votre grand-mère devra lourdement rééquiper sa cuisine. » Morgane Bertrand & Sébastien Billard, « Fake Food », L’Obs, n° 2823, 13 décembre 2018.
Je n’ai pas bien compris si cette pâte, garantie sans beurre ajouté, contenait encore de la farine. J’espère bien que non. Erreur ! La réclame d’Herta dit ceci : « Découvrez la nouvelle pâte à tarte brisée BIO Herta. Des ingrédients d'origine biologique, certifiés AB, pour une pâte à tarte brisée moelleuse et croustillante de qualité Herta. Idéale pour toutes vos envies et toutes vos recettes sucrées ou salées, en entrée, en apéritif, en plat ou encore en dessert ». Sa composition est détaillée ainsi : « Ingrédients : Farine de BLE*, margarine végétale* (huile de palme*, eau, huile de tournesol*, sel, jus de citron concentré*), eau, vinaigre de cidre*, alcool*, sucre de canne*, sel, gluten de BLE*, levure. *Ingrédients d'origine agricole obtenus selon le mode de production biologique. Peut contenir du lait. »