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Lettre P

1. Problématique (la)

Elle remplace : problème, réflexion, question, interrogation, orientation, choix, difficulté... ça fait savant. Par exemple : ma problématique est de savoir si je mets d'abord ma chaussure gauche ou la droite. En réalité quelque chose est problématique, c'est-à-dire pose un problème. « « La » ou « ma » problématique est une manière de montrer qu'on est « connecté » : dire « j'ai un problème » c'est n'être pas très apte à résoudre quelque chose ; dire « j'ai une problématique », c'est vouloir dire qu'on réfléchit beaucoup. Une fois j’étais chez un « conseiller » de banque, qui m’accueillit en ces termes : « Monsieur J., vous avez une problématique avec votre compte ». J’ai commencé par avoir très peur : qu’est-ce qui avait bien pu arriver à ce compte ? Comment une chose aussi horrible qu’une problématique avait-elle pu l’atteindre ? En réalité le problème - en effet problématique - était que sur ce genre de compte tous les partenaires de la société devaient signer les actes importants. Ainsi ce qui pose un problème ou dont l’issue est douteuse - est problématique (adjectif) - devient une substance (un nom) : une problématique.

2. Pronostic vital est engagé (le).

La plus belle des expressions vides de sens. Un pronostic est un jugement, une appréciation sur ce qui va ou pourrait arriver : à un malade, à des chevaux de course, à des candidats à une future élection, à des dirigeants politiques, etc. Un pronostic peut concerner la vie d’un patient mais il n’est pas lui-même « vital ». Il peut seulement concerner les chances de survie de celui-ci. Comment pourrait-il être « engagé » ? Le pronostic est un pari et non le résultat de ce pari. Ce qui est engagé c’est, éventuellement, la survie du patient. Un pronostic peut être prononcé, proféré, déclaré… mais que veut dire qu’il est « engagé » ? Strictement rien.

Mais ça fait savant de le dire, au lieu de : « sa vie est en danger » ou « il est entre la vie et la mort » ou « il est en danger de mort » ou « il y a de bonnes chances qu’il meure ». Avec ce pronostic « vital » et « engagé » on ne parle plus de mort et on a l’air de prononcer une sentence lourde de sens ou magique. On devient presque un médecin (qui n’emploient pratiquement jamais une telle formule) !


3. Pub, publicité.

Il y a 40 ans nous disions : « la publicité vous rend con » (Cavanna). A présent, on devrait dire : « la publicité est faite par des cons qui nous prennent pour des cons ». De plus, il ne s’agit pas de publicité (rendre public quelque chose), mais soit de réclame (lorsqu’il s’agit de produits et services à usage personnel ou professionnel) soit de propagande(lorsqu’il s’agit de convaincre les gens de voter pour untel, d’approuver telle politique malsaine, de se soumettre à telle autorité usurpée, etc.). On pourrait penser que les publicitaires (et non les publicistes, qui sont des juristes spécialisés en droit public) créent d'eux-mêmes les publicités qui s’imitent les unes les autres (toutes les voitures sont « suréquipées », toutes banques sont meilleures que les autres en termes réduction de frais pour leurs clients), alors que la stupidité de la plupart d’entre elles viennent des annonceurs. La publicité politique est sans doute la plus stupide car elle vante des produits fort rares : l’honnêteté, la sincérité, l’ambition, le service des citoyens, la pragmatisme (qui n’est pas le « bon sens » mais une théorie philosophique qui n’a rien de « pratique »).

4. Puce (ma)

Traduction de honey (miel) ou de sweetie (ma douce) ; aucun rapport avec les puces, mais c'est ce qui se dit. Il vaudrait mieux dire : ma chérie, mon trésor, etc. Alors que se référer à la puce, un des animaux les plus répugnants qui soit, qui peuvent infecter les humains par leurs piqûres, est pour le moins mal venu.

5. Puissance.

Beyoncé est la célébrité la plus puissante de la planète, selon la revue Forbes (en 2016), et la 21e au classement des plus puissantes, Angela Merkel étant en tête, devant Hillary Clinton. Forbes est un magazine économique américain fondé en 1917. Le magazine est réputé pour ses différentes listes publiées annuellement. Dans un entretien « ultradynamique » accordé à Elle le 23 janvier 2016, Beyoncé Giselle Knowles Carter – qui, ce jour-là, showcasait sa nouvelle ligne d’athléisure (mix de sport et de luxe), nommé Ivy Park, lançait un nouveau label de musique, répétait une danse pour le Super Bowl, peaufinait son clip « Formation », et se livrait à une séance de gym afin de préparer sa tournée mondiale – celle qui aspire à « diriger le monde » (Run the World). En titre : « Queen B. a décidé de nous aider à bouger avec ses chansons féministes, mais aussi en lançant sa marque de sportswear, Ivy Park ». Extrait de Formation : « Parfois, je prends mon élan et je me lance à fond. C’est cela qui m’est propre. Car je suis une star. Car je suis une tueuse. » Sept millions de personne ont visionné le clip en 24h. Ivy Park : « faire en sorte de se sentir protégée, maintenue mais sexy ». Bref, une tenue de Catwoman pour toutes ! Ce qui n’empêche pas de vouloir sculpter le corps, l’améliorer. On entre dans le rayon des X-Men et des Fantastic Fours, la bêtise en plus.

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